Dans l’esprit des amateurs de vin que nous sommes tous, et dans la volonté de structurer nos modes de vie, derrière les reflets chaleureux du rosé de Provence, se cachent des évocations estivale associées aux vacances, aux barbecues entre amis, aux nonchalantes séances apéritives en bord de piscine.
Le vin rosé ne serait-il qu’un vin d’été ? Et le rouge alors, ne se boirait qu’en hiver ? Quelle place réserver au blanc ? Y aurait-t-il un code couleur par saison ? Cela repose-t-il sur des réalités organoleptiques qui guident nos goûts ou sur des codes que nous avons tacitement admis ?
La palette des artistes
La question mérite qu’on s’y penche en commençant peut-être par s’interroger sur ce qu’on appelle la couleur du vin : n’existerait-t-il que 3 teintes ? La peinture s’avérerait bien triste si on se restreignait à trois couleurs fondamentales, en s’interdisant toute nuance.
Et la viticulture est un art qui, à l’instar de la peinture, se nourrit de nuances. La diversité des terroirs, des cépages, des techniques de vinification est de maturation, nous donne accès à une palette de vins dont les nuances, tant sur le plan des couleurs que des arômes, ouvrent des horizons infinis.
Il n’y a donc pas LE vin rouge mais DES vins rouges, tout comme il y a des vins rosés et des vins blancs. De fait, toute tentative de classification s’avérerait réductrice.
Les frontières de la géographie
« Passez donc à la maison dimanche, on fait un barbecue.
Qu’est-ce qu’on vous amène ? Un petit rosé de Provence ? »
Le rosé est associé à cette région et aux images qu’elle véhicule : un art de vivre, les vacances, la période estivale… car la Provence est la première région productrice de ce type de vin et a développé avec savoir-faire des produits en adéquation avec les attentes du consommateur. L’équation fonctionne bien il est parfaitement équilibrée.
Néanmoins, la Provence ne saurait-elle pas produire des vins rouges qui pourrait lier une alliance fusionnelle avec une côte de bœuf ? Même par temps estival ?
S’il est incontestable que le terroir confère des caractères protégés par les appellations, il serait simpliste de limiter à une couleur.
De la diversité culinaire
De la même manière, la diversité des mets avec lesquels on marie les vins ouvre des possibilités incommensurables. Traditionnellement, on allie un vin rouge avec un plateau de fromages et un vin blanc doux avec les desserts. Sans vouloir révolutionner les codes, tentez un vin blanc sec sur un fromage de chèvre avec des figues fraîches ou un rouge charpenté sur un dessert au chocolat noir.
De par leur équilibre aromatique et leur structure, les vins de Provence blancs et rosés se prêtent mieux à une dégustation à température fraîche qui, en revanche, aura tendance à inhiber les vins rouges plus tanniques. En conséquence, ils se consommeront davantage en été.
Liberté, diversité, volupté
Nous avons sans doute bousculé quelques idées reçues… car effectivement, le caractère festif du vin nous appelle à nous affranchir des codes traditionnels et à partir à la découverte de la diversité qu’il nous offre.
L’essentiel est de réussir les alliances, avec un bon goût dont notre palais reste le seul juge, en restant conscient que toutes les alliances ne peuvent pas être envisagées, traçant une limite entre l’audace et l’impertinence.
En tout état de cause, le plaisir demeure fondamental !